Les Noces de Figaro: une entrée en scène idéale pour Nicolas Ellis

Actualités lyriques

Par Communications et marketing

20 septembre 2023

Texte : Véronique Gauthier
Photo : Vivien Gaumand

Dans le cadre de notre premier opéra de la saison 2023-2024, le chef d’orchestre Nicolas Ellis s’apprête à vivre sa grande première sur le podium de la salle Wilfrid-Pelletier. Et quoi de mieux que Les Noces de Figaro, œuvre phare de Mozart s’il en est une, pour marquer cette étape importante!

De la musique symphonique à l’opéra

Déjà bien connu du public montréalais, Nicolas Ellis fait ses premières armes dans le répertoire symphonique avant d’explorer l’univers de l’opéra. « J’ai toujours eu la curiosité d’aller voir ce qui se faisait de ce côté. Travailler avec des chanteurs et chanteuses, découvrir l’aspect dramatique d’une œuvre, trouver comment le faire ressortir à l’orchestre et dans le texte, ça m’a toujours intéressé. »

L’opportunité de s’y plonger se présente à lui avec le début d’une riche collaboration entre l’Orchestre de l’Agora, qu’il fonde en 2013, et l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Depuis maintenant sept ans, les projets qui en découlent confirment ses affinités avec cet art fascinant. « Comme chef d’orchestre, quand on étudie la partition et qu’on arrive à faire des liens, à comprendre et à décoder les relations entre le texte et la musique, on a l’impression qu’une porte s’ouvre et qu’on découvre des trésors. Après, tout le défi réside dans notre capacité à les traduire au public. »

Il enchaînera d’ailleurs immédiatement après Les Noces de Figaro avec Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, fruit de cette collaboration, présenté les 18 et 19 novembre prochain à la Salle Pierre-Mercure.

Une pierre d’assise dans l’histoire de l’opéra

En plus de Montréal, Nicolas Ellis visite le Festival Aix-en-Provence et l’Opéra Comique de Paris pour poursuivre son parcours lyrique, où il est assistant sur d’importantes productions, et s’envole pour l’Autriche à deux reprises l’été dernier. Il y enrichit d’ailleurs son travail sur Les Noces de Figaro à Salzbourg, ville natale du compositeur, aux côtés du jeune chef Raphaël Pichon et de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Le plaisir que Nicolas Ellis prend à explorer la partition des Noces de Figaro est manifeste.

« Tout le génie de Mozart réside dans sa synthèse de tout ce qui s’est fait avant lui, tout en l’amenant plus loin », explique-t-il. « À plusieurs moments, on entrevoit comment l’opéra va évoluer. Par exemple, dans différentes vocalises, on entend déjà Rossini. Mozart joue aussi énormément avec les codes. La pièce de Beaumarchais s’en amusait déjà pour critiquer l’aristocratie de l’époque, et Mozart fait la même chose musicalement. On sent tout le bonheur qu’il y prend pour en faire quelque chose de très sarcastique. »

Une critique de la société toujours actuelle

Tout au long de l’opéra, le personnage du Comte tente d’exercer son droit féodal sur Susanna, c’est-à-dire de retarder le mariage de celle-ci pour l’attirer dans son lit avant que les noces n’aient lieu. Une histoire qui peut sembler absurde, voire choquante, avec notre regard contemporain.

« L’œuvre est une vraie critique, truffée d’humour, avec des moments très grinçants. C’est un rappel, surtout avec l’actualité des dernières années, qu’il ne faut jamais prendre pour acquis que les abus de pouvoir ne se produiront plus », affirme Nicolas Ellis.

Une première en famille

À l’aube de ses débuts à Wilfrid-Pelletier, comment se sent le jeune chef d’orchestre? « C’est très excitant!», s’exclame-t-il avec enthousiasme. «C’est aussi émouvant, parce que j’ai moi-même assisté plusieurs fois à des représentations de l’Opéra de Montréal. J’ai aussi l’impression de le faire en famille, puisque je collabore depuis cinq avec l’Orchestre Métropolitain que je retrouverai dans la fosse. J’ai déjà une belle relation avec les musiciens et musiciennes, je suis vraiment en confiance.»

Même son de cloche du côté des artistes lyriques, que le chef a pour la plupart déjà côtoyé par le biais de ses collaborations avec l’Atelier lyrique. « C’est pour ça que je fais de la musique, pour vivre des expériences avec des gens que j’apprécie et avec qui j’ai du plaisir à travailler. Donc, oui, je suis fébrile, mais j’ai aussi très hâte de les retrouver autour d’une œuvre aussi emblématique que Les Noces de Figaro. »

La collaboration constitue d’ailleurs un véritable moteur dans la carrière de Nicolas Ellis. « Collaborer résume tout le plaisir d’être chef d’orchestre. On a l’impression qu’un chef prend toutes les décisions, mais en fait, c’est une personne qui s’entoure de différentes expertises. À l’opéra, on présente le fruit de tout un travail d’équipe réunissant des gens talentueux et compétents: chanteurs et chanteuses, instrumentistes, pianiste - dans ce cas-ci Holly Kroeker, qui en plus d’être pianiste répétitrice, accompagnera les récitatifs au piano forte -, metteur ou metteuse en scène, équipe de conception à la scénographie, aux costumes. Ça nous permet d’apprendre énormément. »

La porte d'entrée parfaite pour l'opéra

Les représentations des Noces de Figaro sont l’occasion rêvée pour le public de se familiariser avec les grands esprits qu’étaient Mozart et da Ponte, et pour ceux et celles qui souhaiteraient vivre l’expérience pour la première fois, de s’initier à l’opéra.

« C’est l’œuvre parfaite pour ça. Dramatiquement, c’est un chef-d’œuvre, ce serait difficile d’imaginer mieux! J’aimerais qu’on arrive à l’interpréter de manière à ce que les gens ressortent bouleversés par le génie de cette musique-là, et j’espère que le public appréciera le rituel de se retrouver assis dans une grande salle pour plonger dans le temps et voir une œuvre prendre vie. L’opéra, c’est une expérience incroyable qu’on ne peut vivre nulle part ailleurs. »

 

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